Abstract in French:
Selon des pans significatifs de l’historiographie sur les Lumières, plus un philosophe devient courtisan, plus il s’écarte de son devoir de philosophe. On oppose Grimm le courtisan à Diderot, qui aurait conservé son indépendance philosophique et défendu par là des idées à l’origine de la démocratie libérale. Cette interprétation de Diderot repose toutefois sur certains passages extirpés de leur contexte textuel et social. Replace-ton Diderot dans les débats et les réseaux de patronage de son temps, une autre image de cet auteur apparaît : celle d’un Diderot gravitant autour de la cour et client de courtisans influents. Cet article cherche à contribuer à un renouvellement des approches sur les Lumières dites « radicales ». Il examine dans quelle mesure Diderot considérait la position de philosophe comme compatible avec celle de courtisan, puis étudie l’intégration du philosophe dans des réseaux de patronage tant russes que français.